Progrès et défis de la production avicole :
L'impact économique de la coccidiose
Au cours des dernières décennies, les performances de la production avicole se sont considérablement améliorées, grâce à des progrès majeurs en matière de génétique, d’alimentation et de paramètres d’élevage. Le système de production intensive, caractérisé par des densités d’élevage élevées et un grand nombre d’oiseaux, entraîne une multiplication des défis. L’un des nombreux défis qui menacent la productivité des volailles, en particulier des poulets de chair, est le risque coccidien. Son coût annuel est estimé à environ 12 milliards d’euros dans le monde, soit 0,19 €/poulets de chair (Blake et al., 2020). Ce chiffre inclut les pertes en cours de production (mortalité, baisse de croissance et mauvais FCR), le coût des additifs coccidiostatiques dans l’alimentation, et le coût des traitements curatifs par médicaments vétérinaires en cas d’échec de la prophylaxie.
Ionophores et coccidiostatiques synthétiques :
Développement de la résistance
Largement utilisés depuis des décennies pour gérer le risque coccidien, les coccidiostatiques et ionophores de synthèse sont des solutions de référence. Ils offrent un rapport efficacité/prix très attractif.
Cependant, l’utilisation intensive de ces anticoccidiens augmente le développement de la résistance. Ce phénomène est connu depuis plusieurs années, comme en témoignent les nombreuses études menées sur la sensibilité des souches sur le terrain aux médicaments anticoccidiens (Chapman, 2022). Une étude récente a examiné la sensibilité à la nicarbazine et à une combinaison de narasin et de nicarbazine de 26 isolats d’Eimeria, collectés entre 2003 et 2006 aux États-Unis. Les résultats montrent que les isolats étaient sensibles à la nicarbazine, mais que seuls 22 % d’entre eux étaient sensibles à la combinaison testée. Les auteurs ont conclu que le déclin de la sensibilité était dû à l’utilisation excessive de ces médicaments pendant de nombreuses années dans l’industrie de la volaille (Bafundo et al, 2008).
Une autre résistance à des coccidiostatiques communément utilisés dans le monde a été rapportée au Brésil. La sensibilité d’isolats de terrain d’E. acervulina et d’E. maxima à 6 coccidiostatiques différents et à 2 combinaisons a indiqué que les souches étaient résistantes ou partiellement résistantes à tous ces composés (Kraieskli et al, 2021).
Bien que la lutte contre la résistance aux anticoccidiens soit une tâche difficile, les programmes navette et la rotation des composés sont des approches qui permettent de prévenir ou de retarder son émergence (Quiroz-Castaneda et Dantan-Gonzalez, 2015).
Les extraits naturels de plantes comme alternatives :
Un besoin de solutions efficaces et standardisées
De nouvelles alternatives émergent, comme c’est le cas pour les extraits naturels de plantes. L’un des avantages de l’utilisation d’extraits naturels est la réduction du risque de développement de résistances (Quiroz-Castaneda et Dantan-Gonzalez, 2015). Cependant, il existe une grande variabilité entre ces solutions alternatives naturelles. Il est donc essentiel que les producteurs demandent toutes les garanties aux fournisseurs pour s’assurer qu’une telle transition se fasse en toute sécurité. Cela nécessite des produits standardisés dont l’efficacité a été prouvée dans le temps et à grande échelle. Ce développement zootechnique majeur pour la filière avicole est une réponse à la demande. Ces nouvelles alternatives présentent également des avantages techniques et/ou économiques.
Extrait de la dernière publication scientifique du Dr Mohammed el Amine BENARBIA, PhD (Nor-Feed), publiée dans Frontiers, 2022.
Prémélange de plantes riches en saponine :
Aussi efficace que l'ionophore Monensin en conditions de terrain
Trois essais ont été réalisés dans trois installations expérimentales. Le même plan expérimental a été appliqué dans chaque installation. Les essais ont eu lieu en Belgique – Wolvenhof, Poulpharm (race Ross 308), aux Etats-Unis – Willington, Colorado, COLORADO QUALITY RESEARCH, INC. (race Cobb 500) et en Espagne – Murcia, IMASDE Campus de Espinardo (race Ross 308). Ces trois centres ont été choisis pour consolider les résultats en maximisant la diversification des systèmes de production.
Les poulets ont été divisés en 4 groupes :
- UUC: non infesté, non supplémenté
- IUC: infesté, non supplémenté
- PM: infestés, supplémentés avec 120ppm de Monensin
- PX: infestés, supplémentés avec 250 ppm de prémélange de plantes riches en saponine (Norponin XO2)
L’infestation s’est produite avec des oocystes sporulés en suspension par gavage oral.
Résultats d'essais
Une réduction significative de la prise de poids a été observée dans le groupe IUC, preuve que l’infestation par les oocystes avait fonctionné. Norponin XO a été aussi efficace que Monensin pour limiter significativement la perte de poids associée à l’infestation par Eimeria.
Norponin XO est aussi efficace que l’ionophore Monensin dans le cas d’une infestation expérimentale par Eimeria chez les poulets de chair.